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Chronique(s), saison 2

une co-écriture mère/fille sur le thème de la maladie chronique

soutenu par Anis Gras - le lieu de l'Autre 

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« Lorsque, lors d’un bord plateau après une représentation de Chronique(s) épisode 4, j’entends Marie dire qu’il n’y aura pas d'épisode 5, mais qu’elle envisage de se lancer dans l’écriture d’une deuxième saison, qui éclairerait la réflexion sur la maladie chronique avec le vécu d’autres personnages, c’est comme si une digue se rompait à l’intérieur de moi.

Cette réponse sonne comme une autorisation de ma propre fille à m’exprimer sur la manière dont j’ai vécu cette maladie chronique qui l’affecte, comme une invitation à partager la façon dont celle-ci a déterminé certains de mes choix de vie.

Le projet de cette saison 2 me motive autant qu’il m’inquiète : j’ai jusque-là été très attentive à laisser Marie raconter sa maladie, sans voix parasite, ce travail de co-écriture ne risque-t-il pas d’ouvrir une boîte de Pandore qui pourrait nuire à notre relation ? »

Genèse du projet :
changer la perspective en donnant voix à la mère

Chronique(s), saison 2, s’inscrit dans la continuité de ce que nous appelons désormais Chronique(s), saison 1, série théâtrale autobiographique en quatre épisodes, dans laquelle la comédienne Marie Astier tisse les fils de la maladie et du théâtre pour raconter ce que c’est que de grandir avec une maladie chronique invisible dans les années 1990-2020.

L’enjeu de Chronique(s) saison 2 est de changer la perspective sur la maladie chronique en donnant voix à la mère. Comment la maladie de Marie, la fille, a-t-elle a façonné l’identité de Nathalie, la mère ? Comment cette maladie, que Nathalie a transmise à Marie sans le savoir, a-t-elle modelé leur relation mère-fille ?

À partir de leur(s) histoire(s) personnelle(s), Marie et Nathalie souhaitent montrer que la maladie ne concerne pas seulement celui ou celle qui est malade, mais qu’elle a une place importante dans la vie de celles et ceux qui partagent la sienne.

Étapes déjà réalisées : 
la récolte de matières selon un protocole précis

Le chantier de Chronique(s) saison 2 a déjà commencé depuis plus d’un an : la mère et la fille ont déjà produit près de 200 pages de matière en suivant un protocole de co-écriture expérimental et évolutif :

  • D’avril 2024 à janvier 2025, elles ont échangé « à distance et en différé », par des vocaux : Nathalie a enregistré ses souvenirs, Marie les a retranscrits et les lui a envoyés, accompagnés de ce qu’elle a ressenti à leur écoute.

  • En février 2025, elles se sont senties prêtes à dialoguer « en présentiel, et en face à face direct » : elles ont organisé trois séances de travail d’une heure environ, durant lesquelles elles ont parlé de ce qu’elles avaient reçu de l’autre, se sont posées des questions, ont éclairci des points qu’elles avaient l’impression d’avoir mal compris…

  • En mai 2025, elles ont passé quatre jours à relire ensemble toute la matière ainsi accumulée et à en garder trace sur une (graaaaande) carte mentale commune, à partir de laquelle elles ont commencé à penser à une possible structuration de Chronique(s), saison 2 en quatre épisodes.

Carte mentale

Prochaine étape :
une résidence pour affiner le travail par des rencontres

Du 1e au 14 septembre 2025, Marie et Nathalie seront accueillies en résidence à Anis Gras – le lieu de l’Autre afin d’affiner leurs premières pistes d’écriture en les partageant avec des personnes elles-mêmes concernées par la maladie. 

 

« Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». Petite fille, Nathalie se rêvait en femme mariée, mère de six enfants, bien portants … évidemment. Mais voilà qu’à 26 ans, on lui annonce qu’elle a transmis à sa fille Marie une maladie qui compromet sa qualité et son espérance de vie. Une maladie qui, détectée avant la naissance, peut justifier le recours à un avortement thérapeutique. « Faire en sorte que Marie vive pleinement ce qu’elle a à vivre le temps qu’elle a à vivre », telle est le mantra qui guide la maman solo qu’elle devient. Un mantra qui n’est pas sans influence sur sa relation avec sa fille, mais aussi sur ses relations amicales, amoureuses, professionnelles.

 

Comment ne pas se sentir en décalage avec l’ordre du monde quand, à 26 ans et demi on voit son bébé frôler la mort ? Comment investir la relation avec son enfant quand on vous dit qu’il ne vivra pas plus de quinze ans…. puis qu’au fil des années il défie les statistiques successivement annoncées grâce à la scrupuleuse prise en charge dont il bénéficie ?  Comment cultiver le contact avec son nourrisson quand il est hospitalisé dans un lit à barreaux et relié à  des machines qui vous empêchent de le prendre dans vos bras pour le réconforter par des câlins ? Comment avoir des discussions intimes avec votre adolescente au moment de la puberté, lorsque vous avez l’impression que les médecins se sont depuis longtemps emparés des sujets que vous auriez pu partager avec elle (règles, sexualité, contraception…) ? Quelles relations entretenir avec son propre corps lorsque vous le sollicitez sans cesse dans le combat contre la maladie de votre fille, et que dès la première greffe vous le soumettez à une discipline stricte pour qu’il soit en mesure de lui fournir son prochain rein, le jour où elle fera un rejet ? Et que s’autorise-t-on à reconnaître puis à dévoiler de sa propre vulnérabilité quand on s’est définie comme une guerrière ? Comment se libérer de la détresse et de la culpabilité ressenties à l’annonce du diagnostic de la maladie héréditaire de votre enfant ? Comment lui en parler quand la recherche médicale grandit en même temps qu’elle ? Faut-il anticiper ses questions, au risque de l’effrayer ou attendre qu’elle les pose au risque de se voir reprocher, plus tard, le fait de ne pas avoir explicité les perspectives du tableau clinique, et de l’avoir privée de certaines informations ? Comment trouver le bon cadre au bon moment ? Et comment parler de cette maladie en dehors du cercle familial ? A ses ami·e·s, aux potentiels amoureux, à son partenaire de vie, à ses collègues de travail ? Quand leur en parler ? Dans quel objectif ? Que leur dire ?

 

Dans les livres, les films, les séries… la possibilité d’avoir un enfant malade est rarement envisagé, et quand cela se produit cela est souvent présenté comme une tragédie.

Au fil de notre processus d’écriture, nous avons pris conscience du validisme structurel de notre société. Avec Chronique(s) saison 2 nous voulons (ré)inscrire le cas des enfants malades dans le champ des représentations de la parentalité en général et de la maternité en particulier.

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